Restauration intérieure d’un immeuble à Toulouse par Johann Gueganton
Johann Gueganton, nouvel adhérent du Club de la Chaux depuis cette année, nous présente un chantier de restauration intérieure d’un immeuble de trois étages, réalisé à Toulouse. Une équipe de 2 à 4 personnes travaille depuis 5 mois pour effectuer ces travaux, qui devraient se terminer début juillet 2022. Installé à Saint-Ybars dans l’Ariège (09) et gérant de l’entreprise Terre Crue Terre Cuite Pierre Paille (TCTCP) depuis 2016, Johann Gueganton emploie actuellement 4 personnes au sein de sa société.
L’entreprise TCTCP a été sollicitée par un particulier pour restaurer l’intérieur d’un immeuble datant du 14ème siècle dans le centre-ville de Toulouse. Une équipe permanente de 2 personnes intervient depuis fin novembre 2021 (avec le renfort ponctuel de 2 personnes supplémentaires), pour réaliser de multiples travaux comme une dalle de béton de chaux, les enduits intérieurs à la chaux sur colombages ou murs en terre crue et briques foraines, la reprise de sols en tommettes ou encore la création d’une mezzanine.
Construit à la place d’une ancienne rue, cet immeuble de trois étages avec une surface au sol de 30 m² à chaque niveau (3m x 10m) a rendu ce chantier atypique de par sa configuration insolite et exiguë. Tout est hors norme dans cet immeuble, il a donc fallu optimiser l’espace intérieur pour le rendre le plus convivial possible avec l’escalier central existant.
Cela a nécessité beaucoup d’organisation, de manutention et de coordination avec les différents corps de métiers (plombier, plaquiste, électricien...). L’espace restreint a rendu le stockage sur site impossible, les obligeant à s’approvisionner au fur et à mesure pour ne pas se gêner.
Au rez-de-chaussée, l’équipe de Johann Gueganton a commencé par décroûter les 2 pans de mur recouverts d’un vieil enduit ciment. Un mur en terre crue et l’autre en briques foraines sont apparus. Les briques abîmées par l’humidité ont été nettoyées en surface et rejointoyées avec de la chaux NHL 3,5 blanche mélangée à du sable jaune. Sur le pan de mur en terre crue avec soubassements en briques, un lait de chaux a été appliqué pour fixer la terre puis les ouvriers ont réalisé un dégrossi à base de chaux NHL 3,5 CHAUX SOCLI pour laisser respirer les murs puis ils ont posé un bardage bois par-dessus. Une dalle de béton de chaux NHL 5 CHAUX RABOT a été coulée au rez-de-chaussée.
Pour récupérer le niveau au 1er étage, un sol a été démonté dans une des pièces. Ils ont enlevé le coffrage perdu puis une rangée de chevrons avec le remplissage en terre de 10 cm d’épaisseur sur lequel étaient posées les tommettes. Ils ont ensuite tiré une chape à la chaux NHL 3,5 CHAUX SOCLI, sur laquelle ils ont reposé au fur et à mesure les tommettes.
Aux niveaux R+1 et R+2, les supports initiaux étaient d’un côté un mur en colombages et de l’autre, un mur en terre crue plâtré. Sur ce dernier, l’entreprise TCTCP a réalisé des reprises de plâtre et laissé ce pan en finition plâtre.
Johann Gueganton et son équipe ont décrouté les murs en colombages, pour venir en retrait de 2 cm des pans de bois et mettre à nu le torchis (terre et paille). Un dégrossi à base de chaux aérienne CAEB et de sable a été réalisé. Après avoir laissé carbonater la chaux aérienne CAEB, ils ont passé en finition talochée éponge une couche pelliculaire d’enduit MONOLYS, mortier de chaux hydraulique naturelle et aérienne prêt à l’emploi. Ils sont venus à fleur de bois, qui a été traité avant avec une lasure Bio à base d’huile de lin.
Les combles ont été transformés en chambre. Une isolation sous toiture a été faite avec du chanvre, du lin et du coton, fermée avec des plaques de plâtre mais en laissant les poutres apparentes. Les murs des combles, initialement bâtis en terre crue d’un côté et en colombages de l’autre, ont été repris. Ils ont remis les adobes (briques de terre crue) en évidence, qu’ils ont rejointoyés à la terre avec application d’un minéralisant Monuments Historiques. Pour rendre cette pièce habitable, un doublage en ossature bois a été réalisé pour mettre une isolation en liège (phonique, thermique et acoustique), matériau léger pour la structure en colombages qui ne faisait que 10 cm d’épaisseur. Ils ont refermé avec un bardage bois. Les ouvriers ont également effectué la pose d’un Velux et créé une mezzanine avec un demi plancher en bois récupéré de l’ancien sol démonté, avec accès par une échelle meunière faite sur mesure.
Johann Gueganton nous livre deux astuces : « Pour des sols en tommettes, j’ai préféré passer une cire que je teinte avec des terres pour uniformiser l’ensemble. Par ailleurs, lorsque l’on restaure des colombages, je conseille de bien traiter et huiler les bois avant. Ainsi, la chaux tiendra moins bien sur le bois et ne le tachera pas. Il faut également toujours mettre le scotch de protection en retrait de quelques millimètres de l’arête du bois et non à fleur pour éviter d’abîmer l’enduit à la chaux quand on enlève le scotch ! »