Restauration des remparts du village fortifié de Laroque-des-Albères
Nous partons à Laroque-des-Albères dans les Pyrénées-Orientales (66) découvrir le chantier réalisé par Hervé Cadène, directeur de la section maçonnerie, couverture, plâtrerie, carrelage au sein de la SAS E2A-ABR basée à Argelès-sur-Mer (66). L’entreprise est spécialisée dans la restauration de bâtiments anciens, mas viticoles, maisons de maître, églises romanes et les enduits à la chaux. Hervé cadène a souhaité nous présenter un chantier d’envergure : la restauration des remparts de Laroque-des-Albères.
Un peu d’Histoire…
Authentique village fortifié catalan, Laroque-des-Albères était à l’origine une motte castrale, fortification datant du Moyen-Âge, composée d'une butte de terre rapportée, volumineuse et circulaire, sur laquelle fut bâti un château avec ses contreforts. Des remparts furent ensuite érigés par les habitants tout autour du château. À l’époque, les villageois vivaient dans la plaine et mettaient leur récolte à l’abri à l’intérieur des remparts. Ces celliers de forme le plus souvent circulaire, forment tous ensemble, soit autour de l'église, soit au pied du château comme c’est le cas ici, un quartier spécifique. Les gens de l'époque lui donnaient le nom de sagrera ("lieu sacré") ou cellera ("ensemble des celliers") en fonction de son emplacement. On retrouve ce schéma de construction caractéristique dans plusieurs villages des Pyrénées-Orientales.
Sollicitée par la commune de Laroque-des-Albères en 2021, l’entreprise E2A-ABR est intervenue durant 3 ans pour restaurer les 2/3 de la longueur des remparts, représentant plus de 3 500 m² de piquage et rejointoiement manuels. Les travaux ont été réalisés en trois phases, avec la participation d’une équipe variant de 3 à 6 personnes selon les besoins. Les remparts, construits en moellons et pierres locales extraites des carrières des Albères, étaient envahis par la végétation.
La structure se détériorait à cause des nombreuses et importantes infiltrations d’eau et certaines parties, refaites au ciment dans l’entre-deux-guerres, nécessitaient d’être reprises. Hervé Cadène et son équipe ont travaillé par tronçon, car la principale difficulté rencontrée a été le montage des échafaudages. Les remparts étant en pente, ils ont dû installer les échafaudages en escalier. Par ailleurs, l’étroitesse des rues a rendu l’accès des gros véhicules et l’approvisionnement du chantier difficiles.
Lors des trois phases de travaux, le procédé a été le même sur chaque partie des remparts : montage des échafaudages, nettoyage des parois, piquage du rejointoiement existant pour l’enlever et mettre à nu les pierres. Ensuite hydrogommage ou sablage selon le cas (sur les parties avec du mortier au ciment, il y avait besoin d’une sableuse plus puissante pour l’éliminer) et rejointoiement.
« Les pierres étaient majoritairement en bon état ; nous avons réutilisé des pierres locales quand certaines étaient abîmées mais il n’a pas été nécessaire d’en remplacer beaucoup car on est sur de la maçonnerie de masse, avec des remparts très épais et robustes, ce qui a facilité notre travail », nous confie Hervé Cadène. Ils ont rejointoyé chaque tronçon au mortier de chaux hydraulique naturelle, en employant la chaux Rénoblanche NHL 3,5 teintée avec des ocres de Provence, sur les conseils de Michel Arnaud, responsable de secteur chez Socli.
L’enjeu était de reproduire le mortier ancien (le mortier d’origine était réalisé à partir de chaux vive éteinte) avec une granulométrie variée et des petits grattons de chaux coagulée pour retrouver l’apparence du mortier de l’époque. Pour obtenir ce résultat, Hervé Cadène nous livre son astuce : « nous avons arrosé des sacs de chaux NHL pour la pétrifier puis nous l’avons concassée et ajoutée au mortier afin d’avoir cet aspect granuleux. » Tout a été fait manuellement car pour recomposer ce mortier ancien, la granulométrie allant parfois jusqu’à 15mm, c’était impossible de passer en machine. Par ailleurs, ils ont réalisé des joints de profondeur variable, certains endroits étant plus terreux que d’autres. Après avoir rejointoyé toutes les pierres, ils ont appliqué une couche de Velatura pour patiner et harmoniser la teinte.
Lors de cette restauration, ils ont dû également s’adapter à l’environnement et protéger la faune locale. Les trous de boulins existants devaient rester visibles mais ces derniers abritant des martinets qui est une espèce protégée, il a fallu travailler en profondeur pour leur créer une niche au fond avec une cavité plus petite pour leur habitat.
L’intervention de l’entreprise E2A-ABR a principalement consisté au parement des remparts vu que la maçonnerie était en bon état. La commune de Laroque-des-Albères souhaitait une restauration pour éviter que les remparts se détériorent mais surtout pour l’esthétisme, étant donné qu’ils font quasiment tout le tour du village.
Cela fait près de 30 ans qu’Hervé Cadène et ses équipes travaillent pour la ville de Laroque-des-Albères. Ils ont déjà restauré 2 églises, le moulin à eau, les remparts de la ceinture haute ainsi que de nombreuses maisons anciennes dans le village. Une vraie relation de confiance s’est instaurée, confirmée par ce chantier d’envergure de restauration des remparts terminé fin 2023.
- Durée du chantier : 3 ans (2021-2023)
- Nombre de personnes : 3 à 6 personnes
- Chaux utilisées : NHL 3,5 Rénoblanche / Velatura
- Surfaces restaurées : 3 500 m² de rejointoiement
- Spécialités : Restauration de bâtiments anciens, mas viticoles, maisons de maître, églises romanes / Enduits à la chaux
- Site internet : www.e2a-abr.fr