Restauration intérieure d’un mur en pierres par Frédéric Clerfayt
Frédéric Clerfayt, adhérent du Club de la Chaux depuis sa création, présente un chantier de restauration intérieure d’un mur en pierres de taille et d’un arc en ogive datant du 14ème siècle, qu’il a réalisé à L’Isle-en-Dodon (31) et qui a nécessité 15 jours de travaux.
Gérant de l’entreprise CLERFAYT installée à Agassac (31), Frédéric Clerfayt travaille seul au sein de sa structure.
En décembre 2020, les propriétaires d’un immeuble à usage mixte à L’Isle-en-Dodon ont entamé des travaux de réaménagement intérieur. Ils ont commencé par démolir la cheminée et son conduit de 10 m de haut. Ils ont également décroûté une partie du mur au rez-de-chaussée et au 1er étage mais ont dû tout stopper lorsqu’ils ont fait une découverte incroyable : un arc en ogive et un mur en pierres de taille étaient cachés sous l’enduit plâtre du rez-de-chaussée. Dès l’apparition de la première arête de l’encadrement, les propriétaires ont immédiatement cessé de piquer le mur et ont contacté Frédéric Clerfayt, dont ils connaissaient les compétences en matière de restauration de ce genre de bâti.
Après avoir fait des recherches, ils ont trouvé des textes mentionnant ce mur d’enceinte avec cette fameuse ouverture qui était l’entrée du couvent des Jacobins datant du début du 14ème siècle. L’entreprise CLERFAYT est intervenue pour restaurer à l’identique l’arc en ogive rempli de galets hourdés à la chaux ainsi que le mur en pierres de taille. C’est un petit chantier en termes de surface (24 m² au total), mais immense au regard de cette découverte exceptionnelle !
Frédéric Clerfayt a travaillé seul et a tout fait manuellement. Il a décidé de creuser le mur sur 50 cm de profondeur (ce dernier fait 1,5 m d’épaisseur) jusqu’à découvrir l’ensemble des arêtes constituant l’arche. Le mur en pierres de taille a été décrouté et mis à nu pour laisser les pierres apparentes au rez-de-chaussée et au 1er étage. Frédéric Clerfayt a nettoyé à l’eau toutes les pierres d’encadrement et du mur avec des brosses métalliques ou de chiendent.
Il a ensuite rejointoyé à la chaux les pierres de taille, en utilisant un mélange de sable et de RÉNOCHAUX NHL 2 qu’il a légèrement teinté en ajoutant de l’ocre jaune, de l’Ombre Naturelle et un peu d’argile. Frédéric Clerfayt nous dévoile son astuce : « Je suis perfectionniste et les sables que l’on utilise de nos jours sont tellement propres que pour retrouver l’aspect du mortier de l’époque très "terreux", je rajoute un peu d’argile. »
Il a réalisé plusieurs échantillons avant de trouver la bonne teinte. Après le nettoyage et le rejointoiement, certaines pierres demeuraient noires à cause de la fumée de cheminée. Pour les raviver, il a formulé une patine à base d’ocre jaune, de Terre de Sienne et d’Ombre Naturelle, qu’il a passée partiellement sur les zones du mur abîmées par la suie.
Certaines pierres de taille, inexistantes ou abîmées, ne pouvaient être remplacées ; Frédéric Clerfayt a donc choisi de créer de la fausse pierre en trompe l’œil, technique qu’il maîtrise et qu’il a perfectionnée lors d’un stage assuré par Johnny Vingadassalom du Centre de Formation Socli.
Frédéric a utilisé un mélange de sable 02 tamisé, de RÉNOCHAUX NHL 2, de ciment prompt et d’Ombre Naturelle pour créer la fausse pierre, sur laquelle il a appliqué une patine à base de 3 pigments pour donner l’aspect de la pierre. Un confrère est passé voir le chantier et a été incapable de distinguer les fausses pierres d’entre les vraies !
Le mur en galets datant de plusieurs siècles a été conservé et laissé apparent. Frédéric Clerfayt a utilisé la chaux NHL 3.5 CHAUX SOCLI grise mélangée à la RÉNOCHAUX NHL 2 pour les rejointoyer car le mortier existant entre les galets était gris.
Le mur de l’étage a été préalablement décrouté par le propriétaire. Sous les 2 enduits successifs existants (plâtre et chaux en dessous) est apparu la continuité du mur d’enceinte du couvent en pierres de taille, identique au rez-de-chaussée. Sur ce pan de mur, Frédéric Clerfayt a rebâti quelques pierres avec la CHAUX SOCLI NHL 3.5 grise en réutilisant des pierres récupérées sur place. Il les a rejointoyées avec un mélange de sable et de RÉNOCHAUX NHL 2, teinté avec de l’ocre jaune, de l’Ombre Naturelle et de l’argile. Le larmier en pierres de taille de ce mur a été restauré à l’identique avec des créations de fausses pierres.
Malheureusement, un tiers de l’arc se termine chez le voisin, derrière le mur d’une cage d’escalier. Cette partie risque de rester à jamais dans l’oubli car le mur ne sera jamais décroûté…quel dommage !
Frédéric Clerfayt nous confie : « Passionné par le bâti ancien, ça a été un privilège de restaurer ce genre d’ouvrage, vieux de plus de 700 ans. Je reste toujours émerveillé de voir le résultat que nos ancêtres obtenaient ! »