Restauration intérieure d’une maison de la fin du 19ème siècle par Christian Montuelle
Pour ce mois de septembre 2017, nous vous présentons un chantier réalisé par l’entreprise MONTUELLE basée à Ayzac Ost dans les Hautes-Pyrénées. Christian Montuelle nous présente la restauration intérieure d’une maison de la fin du 19ème siècle.
« Début 2016, nous avons été sollicités par un particulier pour restaurer l’intérieur de sa maison principale à Ségus, sur les coteaux de Lourdes. Achetée il y a 10 ans par les propriétaires, la maison avait été retapée au ciment après la guerre, ce qui a engendré beaucoup d’humidité dans le sol. Le client a fait appel à moi pour trouver une solution à cet inconfort.
Nous avons refait le sol à la chaux et restauré les murs intérieurs du rez-de-chaussée avec un enduit chaux-chanvre. Le chantier a duré 2 semaines avec la participation d’une équipe de 3 personnes.
Quand nous avons décaissé le sol, nous avons carrément découvert de l’eau sous le carrelage. Un ruisseau passe à moins de 3 mètres derrière la maison en amont. Il ne fallait pas se tromper et bien drainer pour enlever toute présence d’eau. Pour régler le problème de l’humidité dans le sol, nous l’avons décaissé profondément et drainé pour bien le ventiler puis, nous avons posé un hérisson avec des graviers alluvionnaires. Nous avons ensuite coulé une dalle en béton de chaux, avec la chaux hydraulique NHL 5 i.pro CHAUX RABOT, à laquelle nous avons ajouté de la pouzzolane et des graviers. J’ai choisi cette solution car la pouzzolane a la propriété d’être hydrophobe avec un petit caractère isolant.
C’est la première fois que j’utilisais de la pouzzolane dans ma formulation de béton de chaux.
Le client m’en a parlé car un ami avait utilisé cette technique pour restaurer le sol d’un château également victime d’humidité. J’ai donc effectué de nombreuses recherches informatiques, j’en ai parlé à Johnny Vingadassalom du Centre de formation Socli pour avoir son avis et trouver une formulation adéquate. Cela a bien fonctionné. Un an et demi après les travaux, il n’y a plus aucune trace d’humidité dans le sol grâce à la chaux et la pouzzolane combinées.
Une dalle de béton de chaux nécessite beaucoup plus de temps de séchage et pour être sûr qu’il n’y ait pas de réapparition d’eau, le client a attendu près de 8 mois puis a collé du parquet bois de chêne massif. J’ai été surpris qu’il pose ce matériau au sol, il a tenté l’expérience et ça n’a pas bougé. Par endroits, il a fait des tapis de carreaux de ciment d’1,5m x 1,5m imbriqués dans le parquet en bois.
Nous avons également piqué les 4 murs intérieurs du rez-de-chaussée et un mur de refend porteur, pour enlever le vieil enduit en ciment jusqu’aux joints de maçonnerie. Comme le support est un mélange de pierres calcaires et de granit, nous avons appliqué un corps d’enduit en 2 couches, avec un mélange chaux-chanvre. J’ai proposé cette idée au client, qui, très sensible à ce genre de matériaux, l’a tout de suite validée.
Cette solution permet aux murs d’avoir une régulation hygrométrique pour les laisser respirer et la présence de chanvre donne un caractère isolant, offre un confort et un ressenti chaleureux. Nous avons employé i.design RENOCHAUX mélangée à i.design CAEB, pour apporter de la blancheur au mortier. Les murs sont très bien ressortis. Le rendu final est vraiment joli.
Le client a voulu que nous laissions les murs tels quels, sans couche de finition, mais je l’ai prévenu que l’enduit chaux-chanvre pouvait être fragile et qu’il était possible de revenir appliquer un badigeon plus tard pour apporter de la couleur et masquer les éventuelles éraflures ou aspérités des murs.
Tout a été fait à la main, aussi bien le béton de chaux que l’application du mortier chaux-chanvre. J’ai acheté la machine à projeter l’enduit chaux-chanvre mais je ne m’en sers plus. Entre l’installation, les réglages et le nettoyage, c’est plus rapide et moins contraignant d’appliquer le chaux-chanvre manuellement. Je cherche d’ailleurs à vendre ma machine qui est quasi neuve.
J’ai appréhendé la mise en oeuvre du béton de chaux avec la pouzzolane. J’avais peur que ça soit dur à tirer mais finalement, tout s’est très bien passé. J’ai un nouveau chantier en projet avec les mêmes contraintes d’humidité au sol : j’ai proposé cette solution qui vient d’être validée par le client.
En parallèle de mon entreprise, nous venons de créer une coopérative d’artisans, Alter Habitat, qui a démarré au printemps 2017. Nous avons des projets en cours, essentiellement la construction de maisons avec ossatures bois et paille sur lesquelles nous faisons des enduits terre, ainsi que des rénovations.
L’objectif est de proposer des maisons « clés en main » au client, avec les mêmes garanties qu’un constructeur immobilier, mais en s’entourant d’artisans qualifiés, avec un esprit coopératif et de cohésion. La fédération nous aide et nous accompagne tout au long de l’année. Nous sommes déjà 15 entreprises au sein d’Alter Habitat mais il nous manque encore quelques corps de métiers ; ce n’est pas facile de trouver des artisans prêts à s’engager dans une telle aventure mais c’est un projet très intéressant et je suis ravi d’en faire partie ! »