Rénovation intérieure d’une maison par Gilles Banq
Pour ce mois de novembre 2017, nous allons dans l’Hérault découvrir un des chantiers de l’entreprise Authentic Renov basée à Marseillan et gérée par Gilles Banq. Travaillant seul, Gilles vous présente un chantier qu’il a terminé au printemps 2017 : la rénovation intérieure d’une maison à Marseillan (34).
« J’ai terminé un chantier de rénovation intérieure au mois d’avril 2017 après 20 jours de travaux en discontinu (préparation des supports effectuées précédemment). J’ai réalisé la finition d’une cuisine et d’une salle à manger avec l’enduit i.design MONOLYS et la réfection de 2 salles de bain au Tadelakt. La rénovation de cette maison, appartenant à un particulier dans le centre de Marseillan, a été réalisée en plusieurs tranches. J’ai eu la chance de n’avoir aucun impératif de temps.
J’ai commencé par piquer tous les murs de la cuisine et de la salle à manger jusqu’à la pierre. Il y avait un peu de tout dessus (plâtre, ciment...). J’ai ensuite réalisé un gobetis à la chaux hydraulique naturelle NHL 3,5, i.pro CHAUX SOCLI. J’ai utilisé le même mortier pour la couche d’enduit mais j’ai fait la dernière couche avec un sable plus fin pour avoir une base plus talochée et droite afin d’appliquer aisément la couche de finition au i.design MONOLYS. Cela permet aussi de ne pas trop le charger. J’ai réalisé une finition talochée et ferrée directement avant que la prise ne se fasse. J’ai juste écrasé le grain, ce qui donne un aspect lisse au toucher. Je n’ai pas teinté l’enduit de MONOLYS. Je voulais volontairement le laisser blanc, sa couleur naturelle. Avec les éclairages, cela fait de très jolies nuances de blanc sur blanc cassé, avec des ombres ; le client craignait de se lasser d’une couleur uniforme. Il est donc ravi du résultat.
Dans la cuisine, j’ai également fait de la brique toulousaine, pour donner un style « atelier » à la pièce.
J’ai « briqué » la moitié d’un mur autour d’une baie vitrée et au-dessus des éléments de cuisine, pour laisser une crédence en inox. J’ai acheté de la vraie brique rouge de Toulouse, que j’ai fixée au mur avec de la colle, comme le carrelage. Il existe des briquettes lisses ou sablées. J’ai choisi de les prendre sablées, pour un rendu plus ancien. Après les avoir collées, j’ai rejointoyé les briques avec un mélange de sable fin et de chaux grise NHL 3,5, i.pro CHAUX SOCLI. J’ai fait de la fausse pierre dans la salle à manger et pour l’encadrement extérieur de la porte d’entrée, côté cour, en imitant la pierre locale que l’on trouve dans la région de Pézénas. J’ai utilisé du plâtre Gros mélangé à de la chaux aérienne, i.design CAEB et de la recoupe de Pignan, sable qui devient très dur et dont la couleur naturelle imite parfaitement celle de la pierre, sans avoir besoin d’ajouter de colorant au mortier.
Pour les 2 salles de bain, j’ai réalisé un tadelakt, mortier de décoration traditionnel oriental, 100 % naturel. J’ai procédé à un piquage des murs en pierres, que j’ai ré-enduits à la chaux. Dans la salle de bain du rez-de-chaussée, j’ai également appliqué un tadelakt en 2 tons, orangé et beige, en ajoutant des pigments naturels au mortier prêt à l'emploi. J’ai réalisé près de 24 m² de tadelakt. Pour l’autre salle de bain, j’ai choisi de réaliser un tadelakt gris sur le mur qui sépare la douche, ce qui a représenté 12 m² à enduire.
J’ai rencontré des difficultés avec l’application du i.design TADELAKT, que j’utilisais pour une pièce complète pour la 1er fois. J’avais déjà fait plusieurs essais sur des petites surfaces ; sur 1 m², le résultat était parfait mais cela devient plus compliqué sur des surfaces plus grandes. J’ai obtenu un tadelakt sans fissures mais j’ai eu la mauvaise surprise, en laissant sécher, de voir des morceaux se décoller. Cela vient de la façon dont on ferre l’enduit ou de l’humidité du mur. J’ai réussi à résoudre le problème en m’y reprenant à plusieurs reprises et je suis très satisfait du rendu final. Le tadelakt n’est pas un produit facile. Il faut l’utiliser souvent pour prendre le coup de main et ainsi obtenir une finesse et un résultat adéquat. Il y a de nombreux critères à réunir. Par exemple, si le support n’est pas un mur en pierres avec de la chaux, c’est, selon moi, inutile de proposer un tadelakt au client.
J’ai tout réalisé manuellement car j’aime travailler de manière traditionnelle, avec les techniques à l’ancienne et des produits naturels. La difficulté est de trouver des produits à la chaux sur Marseillan. Il a été impossible de me fournir en i.design MONOLYS chez mon négoce. Il m’a fallu aller sur Pézénas ; ce qui est très contraignant. Il est dommage que les négoces portent aussi peu d’intérêt à la chaux, alors que de nombreuses maisons à Marseillan sont en pierre. La plupart des façades du village sont restaurées par des façadiers qui utilisent du monocouche, sans même le talocher. C’est désespérant ! C’est pourquoi je suis ravi d’adhérer au Club de la chaux, pour rencontrer et échanger avec des artisans passionnés par la chaux. »